Reflexions du dimanche "matin"...
ça fait un moment que je pense à un truc...
Je me rends compte qu'à
plusieurs reprise j'ai essayé de parler de mon boulot sur ce blog, sans
y parvenir. sentant toujours que mes propos étaient trop dépressifs ou
pouvaient être mal interprétés... et puis, la Blogo, c'est quand-même ma
ptit bulle d'oxygène donc je me disais qu'il valait mieux la préserver. mais en fait, régulièrement, je m'assois devant mon ordi et
je commence un billet à ce sujet. j'écris, j'écris, j'écris. puis je me
relis. je me dis que ça ne le fera pas. donc je réduis, je modifie, j'allège, je tourne à la rigolade les choses. et non, ça ne le fait toujours pas. alors j'efface, tout
simplement.
Alors pourquoi aujourd'hui aller jusqu'au bout de la démarche?
je ne sais pas trop.
peut-être juste parce que j'ai envie d'exprimer 2 trucs...
Dooooooonc toute cette intro décousue pour en arriver à ça:
1) J'ai commencé à bosser dans un service de cancéro au printemps dernier et j'ai tout de suite compris que la plupart des gens traités n'iraient plus très loin dans la vie. Qu'ils aient 25 ou 80 ans, ça revient souvent au même: pronostic catastrophique (d'ailleurs, c'est souvent pire pour les jeunes que pour les vieux...). enfin bref, moi, de ma position, je me suis tout de suite sentie privilégiée. nan, en fait, c'est pas ça le terme... je crois que ce que je ressens tous les jours en allant au boulot c'est que je suis en sursis (ce qui me pousse à me dire que je ne vais pas faire long feu dans cette structure, d'ailleurs...). C'est horrible mais c'est comme ça. On voit tellement de gens différents "sur qui ça tombe" qu'on se dit que ça pourrait très bien être notre tour bientôt... des jeunes, des vieux, des gens qui ont tout fait "comme il faut" dans leur vie (pas d'alcool, pas de tabac, pas de drogues...), d'autres qui ont flirté avec la mort tellement ils étaient aux extrêmes, des femmes enceintes pour qui l'enjeu devient parfois "le bébé ou le traitement", des gens qui vont mourir avant leurs parents, d'autres avant leurs (trop) jeunes enfants... et je vois tellement d'échec chaque jour que je ne sais plus comment faire pour croire que "ça ira", comme je leur répète sans cesse.
2) Des cons, y'en a partout. mais vraiment partout. des gens qu'on peut pas blairer, des boulets insupportables, des prétentieux hautains... des cons, sous toutes les formes, quoi. Ben la maladie touche autant les cons que les gens "bien". Ce qui fait que dans le service où je bosse, je me retrouve à côtoyer des gens extra, qui me touchent, me donnent de la force, du courage... mais aussi de parfaits cons. Alors voilà, au début, je me sentais coupable quand un patient profondément ancré dans sa connerie m'énervait. Le pauvre: il est malade, quoi.
oui mais non.
parce que j'ai enfin compris (notez que ça m'a pris presque 1 an pour arriver à cette conclusion formidable!) que la maladie n'enlevait rien à la connerie. et que donc, comme dans ma vie "classique", ici aussi, j'avais le droit de ne pas aimer certains. et de ne pas culpabiliser à ce propos. Professionnellement, ça ne change rien à leur prise en charge. Mais bon, 'sont cons, quoi et je ne suis pas "obligée" de les apprécier! ça parait bête, mais cette idée m'a libérée d'un poids énorme!
Bon, sur ce: Bon Dimanche, les gens! ;)