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L'épice française
21 mars 2010

Reflexions du dimanche "matin"...

10ça fait un moment que je pense à un truc...
Je me rends compte qu'à plusieurs reprise j'ai essayé de parler de mon boulot sur ce blog, sans y parvenir. sentant toujours que mes propos étaient trop dépressifs ou pouvaient être mal interprétés... et puis, la Blogo, c'est quand-même ma ptit bulle d'oxygène donc je me disais qu'il valait mieux la préserver. mais en fait, régulièrement, je m'assois devant mon ordi et je commence un billet à ce sujet. j'écris, j'écris, j'écris. puis je me relis. je me dis que ça ne le fera pas. donc je réduis, je modifie, j'allège, je tourne à la rigolade les choses. et non, ça ne le fait toujours pas. alors j'efface, tout simplement.
Alors pourquoi aujourd'hui aller jusqu'au bout de la démarche?
je ne sais pas trop.
peut-être juste parce que j'ai envie d'exprimer 2 trucs...
Dooooooonc toute cette intro décousue pour en arriver à ça:

1) J'ai commencé à bosser dans un service de cancéro au printemps dernier et j'ai tout de suite compris que la plupart des gens traités n'iraient plus très loin dans la vie. Qu'ils aient 25 ou 80 ans, ça revient souvent au même: pronostic catastrophique (d'ailleurs, c'est souvent pire pour les jeunes que pour les vieux...). enfin bref, moi, de ma position, je me suis tout de suite sentie privilégiée. nan, en fait, c'est pas ça le terme... je crois que ce que je ressens tous les jours en allant au boulot c'est que je suis en sursis (ce qui me pousse à me dire que je ne vais pas faire long feu dans cette structure, d'ailleurs...). C'est horrible mais c'est comme ça. On voit tellement de gens différents "sur qui ça tombe" qu'on se dit que ça pourrait très bien être notre tour bientôt... des jeunes, des vieux, des gens qui ont tout fait "comme il faut" dans leur vie (pas d'alcool, pas de tabac, pas de drogues...), d'autres qui ont flirté avec la mort tellement ils étaient aux extrêmes, des femmes enceintes pour qui l'enjeu devient parfois "le bébé ou le traitement", des gens qui vont mourir avant leurs parents, d'autres avant leurs (trop) jeunes enfants... et je vois tellement d'échec chaque jour que je ne sais plus comment faire pour croire que "ça ira", comme je leur répète sans cesse.

2) Des cons, y'en a partout. mais vraiment partout. des gens qu'on peut pas blairer, des boulets insupportables, des prétentieux hautains... des cons, sous toutes les formes, quoi. Ben la maladie touche autant les cons que les gens "bien". Ce qui fait que dans le service où je bosse, je me retrouve à côtoyer des gens extra, qui me touchent, me donnent de la force, du courage... mais aussi de parfaits cons. Alors voilà, au début, je me sentais coupable quand un patient profondément ancré dans sa connerie m'énervait. Le pauvre: il est malade, quoi.
oui mais non.
parce que j'ai enfin compris (notez que ça m'a pris presque 1 an pour arriver à cette conclusion formidable!) que la maladie n'enlevait rien à la connerie. et que donc, comme dans ma vie "classique", ici aussi, j'avais le droit de ne pas aimer certains. et de ne pas culpabiliser à ce propos. Professionnellement, ça ne change rien à leur prise en charge. Mais bon, 'sont cons, quoi et je ne suis pas "obligée" de les apprécier! ça parait bête, mais cette idée m'a libérée d'un poids énorme!

Bon, sur ce: Bon Dimanche, les gens! ;)

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Commentaires
M
J'ai travaillé deux ans en cancéro...pédiatrique.<br /> Il y a longtemps, déjà.<br /> Deux ans là-bas puis un an à en faire des cauchemars.<br /> Le souvenir toujours de ceux qui sont partis, de ces parents à demi-vivants qui sont restés, et l'envie d'avoir des nouvelles de ceux qui s'en étaient sortis, au moins provisoirement.<br /> A l'époque je n'en parlais à personne, entendre ce que je voyais déprimait trop les autres...<br /> C'est le genre de service où il est bon qu'il y ait un certain turn-over, car la vie est infiniment plus belle quand on sait qu'on a fait ce qu'on pouvait aussi longtemps que possible, mais qu'on a cédé la place aux suivants, histoire de voir la vie sous un angle moins morbide, et de ne pas transformer en symptôme de cancer le moindre petit pet de travers de tous les mômes de son entourage...<br /> ;-)
P
oui malades ou pas malades, les gens quand ils sont cons, ils sont cons.<br /> <br /> La culpabilité tu ne devrais l'avoir que si professionnellement tu agis différemment (genre pas le bon traitement). Mais bon ce n'est pas le cas.<br /> <br /> Après, l'appréciation de la personne, c'est à toi de voir. Ca ne veut pas dire que tu leur souhaites du mal, juste que tu n'aurais pas envie de partir en vacances avec.
S
Mon père a frôlé la mort (leucémie) il y a quelques années ... Il était très (trop) aimable avec les infirmières et redevenait détestable avec nous dès qu'elles n'étaient plus là ... pour elles , il était un patient exemplaire ... j'imagine oui !<br /> J'ai fait un an à l'école d'infirmière ... impossible d'aller plus loin , trop dur moralement.<br /> Sincèrement , bravo à toi pour tout ce que tu fais .
T
Je travaille en cardiologie et même si le 'malheur' n'est pas aussi présent qu'en cancérologie, je comprends très bien ce que tu ressens. Moi aussi je suis parfois irritée par le comportement de certains patients et c'est pas toujours le plus malade qui est le plus désagréable!
O
ne vous excusez pas on peut tous à un moment ou un autre basculer du monde des bien portants à celui des malades vos mots ne me mettent pas mal à l'aise. On a tous nos affinités ......vous devez, par votre rôle auprès du malade, garder toujours à l'esprit l'humanité de la personne et donc veiller à son bien être mais forcément le plus ne vient je suppose pas facilement quand la personne n'est pas "aimable".J'avais dit à l'épouse de ce monsieur acariâtre mon admiration pour son rôle délicat elle m'avait gentiment répondu que notre rôle auprès de notre fils ne devait pas être rose non plus chacun porte sa croix avec son coeur .............mais le personnel hospitalier qui n'a pas ce côté affectif pour la personne a un rôle encore plus délicat. Il faut trouver un juste équilibre entre l'aide à la personne malade et votre bien être moral à vous .......pas facile lorsque vous êtes face à des personnes en fin de vie
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